
Nous étions en hiver. Une fin d'après-midi fraîche, voilà ce que nous avions. La brume blanche et épaisse encerclait la maison. Si j'avais jeté un coup d'½il par la véranda j'aurais certainement pu la voir au-dessus du village. Nous vivions dans une maison isolée, en amont d'une colline, et la vue était fantastique. En réalité on ne voulait pas attirer l'attention. On avait besoin d'un coin isolé, à l'abri des regards et dans le noir, la nuit. Nous avions trouvé un petit paradis rien qu'à nous. Il était environ dix-neuf heures. Louis était parti il y a quarante-cinq minutes de cela. Il ne tarderait plus trop à franchir la porte d'entrée. La maison était chaleureuse. Une porte en bois, un salon qui contenait une cheminée, des meubles rustique et des chambres d'amis, même si nous n'en avions pas. Peu importe, nous étions bien. On ne s'était jamais plaint. J'enfilai un gilet en laine et m'installai en face du feu malgré que le froid ne m'atteigne pas. La porte d'entrée s'ouvrit. Quelques seconde après Louis s'assit à côté de moi, sur le canapé. Il s'essuya le coin de la bouche.
-Alors ? Demandais-je en me tournant vers lui.
-Alors quoi ?
-Tu n'es toujours pas décidé à venir avec moi ?
-Harry on en a déjà discuté...
-Louis...s'il te plait, demandais-je en faisant les yeux doux.
-Ah non, pas ce regard !
-Mais -
-Harry, tu devrais passer à autre chose. Tu sais que ce n'est pas bon pour toi !
Le silence prit possession de la pièce.
-Ça fait vingt-cinq ans, déjà...soufflais-je tristement.
-Je sais. Je compte les années moi aussi...dit-il alors que ses yeux brillaient de nostalgie.
-Alors allons-y ! Prenons la voiture !
-Oh Harry ! S'exclama-t-il en se levant du canapé.
Mon regard dû lui faire pitié car l'instant d'après il reprit sa phrase.
-Oui... Oui, allons-y !
-Merci Louis, dis-je en l'embrassant sur la joue.
Il effaça la trace du baisé mais au fond c'était un vrai c½ur d'artichaut qu'il possédait. Je me dirigeai vers l'entrée de la maison, un petit meuble y était placé, dessus il y avait les clés de la voiture. Alors que j'allais les prendre, il posa sa main sur mon poignet.
-Non, on y va à pied, je ne veux pas attirer l'attention.
-Ça fait une vingtaine d'années qu'on n'y est pas allé, comment veux-tu que les gens nous reconnaissent ? Et puis, il est tard, personne ne sera au cimetière à ce moment-là.
-Peu importe.
-Si tu y tiens tant...dis-je en reposant les clés.
-Tu t'es nourri hier soir. On va faire un détour dans la forêt, d'accord ?
-Hum, Hum...
Il éteignit toutes les lumières et ouvrit la porte d'entrée. Il me laissa passer et referma derrière nous. Cela faisait vingt-cinq ans que nous vivions ici, nous n'avions jamais rencontré personne. J'avais arrêté de vieillir il y a de cela quarante ans et il fallait préserver notre secret. Je voulais retourner dans mon village natal pour aller me recueillir sur la tombe de mes parents que je n'avais plus visité depuis que je m'étais enfui avec Louis. J'étais devenu statue à dix-neuf ans, m'étant fait mordre par un nomade (un vampire qui voyage et qui transforme pour le bon plaisir). Louis était un vampire vagabond, il voyageait partout juste parce qu'il n'avait nulle part où aller. Il était tombé sur moi parce qu'il avait senti l'odeur du sang de l'humain que j'étais en train de vider de vie. Il m'avait arrêté ayant vu que je n'étais pas un provocateur (les provocateurs étaient des vampires qui se battaient à la moindre occasion contre d'autres pour les exterminer). Désormais je ne me nourrissais plus que d'animaux.
Louis pressa mon bras et me fit signe de le suivre. Nous avons couru jusqu'à la forêt qui bordait la maison. Les hiboux étaient de sortis ce soir. Leurs ululements emplissaient tous les recoins du bois. Continuant de courir, je pouvais entendre chacun des souffles de vent qui fouettaient les hautes herbes, les moindres branches qui tremblaient et les écureuils qui mangeaient leurs noisettes. Pour rien au monde je ne voudrais changer de vie. Bien sûr, j'aurais aimé savoir quel futur j'aurais pu avoir, si j'étais resté humain. Mais ma vie avec Louis, mon si bon ami, était parfaite telle qu'elle était. Je m'étais énormément attaché à lui, il était mon sauveur, mon frère en quelque sorte, toujours à me remettre sur la bonne voie...s'il lui arrivait quelque chose...je suppose que je me tuerais.
Le jour, nous étions cloîtré dans la maison, à éviter le soleil. Le soir, nous nous nourrissions. Cet emploi du temps était strict et je ne pouvais y déroger. Il fallait donc chasser comme il faut pour pouvoir tenir jusqu'au lendemain. Pour les Chasseurs (vampire qui traque les Hommes) il était facile de tenir, le sang humain nourrissait extrêmement bien. Heureusement, j'avais réussi à garder une part d'humanité (aller sur la tombe de mes parents étant une preuve) et je ne pouvais concevoir d'en tuer. Au début, les premiers jours, j'avoue avoir cédé (parce que je ne savais pas que se nourrir d'animaux fonctionnait) J'ai eu peur de faire du mal à mes parents. Je rentrais tard le soir, après avoir effacé les traces de ma folie. Le besoin de séduire mes proies était insoutenable et je réussissais toujours à attraper quelque filles faciles. Mes parents ont eu peur pour moi, ils ne comprenaient pas ce qu'il m'arrivait. Je séchais les cours, je buvais (pour éviter de succomber au besoin de sang) et je fumais (pour couper ma soif). Ça n'a servi à rien, j'ai donc arrêté, et alors que j'allais sombrer dans la soif de sang humain, Louis est arrivé, m'aidant gentiment. Je me souviens encore de notre première rencontre.
Mes crocs étaient plantés dans la chair d'une fille brune. Mes yeux se perdaient dans une vague de plaisir intense. J'étais tellement appuyé contre elle que j'avais l'impression de lui faire l'amour en même temps que je la vidais de vie. Avalant goulûment son sang, je m'empêchais de penser à ses doigts fins plantés dans mes côtes qui essayaient de m'éloigner d'elle. J'ai senti une pression sur mon épaule, une pression suffisamment forte pour me faire sortir de ma léthargie. Je détournais les yeux et les crocs de cette fille. J'ai regardé l'homme châtain en face de moi avec une mine apeuré, si ce gars était de la police il allait tout raconter à mes parents et j'allais être mis en prison.
-Tu ne devrais pas faire ça, m'a-t-il conseillé.
L'étonnement a remplacé la peur.
-Pardon ? Demandais-je en essuyant le sang du contour de ma bouche.
-Cette pauvre fille ne t'a rien fait, prend le mien à la place.
Il a tendu son bras, au niveau de ma bouche. J'ai lâché la fille qui s'effondra au sol. J'ai délicatement posé mes doigts contre son poignet, le rapprochant férocement de ma bouche, il a suivi le mouvement et s'est retrouvé plus près de moi. Son odeur n'était pas comme les autres humains. Je l'ai regardé dans les yeux, de beaux yeux bleus.
-Vagabond, a-t-il dit.
Je n'ai pas compris pourquoi. J'ai fait pénétrer mes crocs dans sa veine. Il a sursauté puis s'est détendu. Son sang pulsait dans ma bouche et je ne pouvais qu'en vouloir plus. Le sang dans ses veines était différent des autres sangs. Il avait un gout étrange, pas forcément mauvais. J'ai repoussé son bras.
-Qu'est-ce que c'est ? Demandais-je effrayé.
-Du sang animal.
J'ai été surpris de sa réponse mais je n'ai pu m'empêcher de replonger mes crocs dans son poignet. J'ai refait un trou dans sa veine, ou peut-être en était-ce une différente, car elle s'était déjà refermée. Mes yeux repartaient à nouveau dans ce brouillard si connu lorsque je me nourrissais. J'ai pressé son poignet plus fort, si s'en était possible, contre ma bouche pour avoir un maximum de sang, il s'est rapproché de moi. C'est à ce moment-là que j'ai eu des flashs, des images dans ma tête. Je voyais ce qu'il avait vécu, ressenti, j'apprenais tout de sa vie. J'ai compris ce que signifiait « Vagabond », « Provocateur », « Chasseur » et « Nomade » j'ai vu des vampires, des gens, sa famille, ses amis... Puis j'ai senti son souffle contre mon cou et l'instant d'après ses crocs étaient plantés dans ma peau. J'ai sursauté, lâché son poignet. Un râle de douleur est sorti de ma bouche. Je l'ai repoussé.
-Qu'est-ce que tu fais ?
Il s'est arrêté à son tour.
-Quoi ? Tu croyais que j'allais te laisser tout savoir de moi sans que je sache qui tu es ?
-Mais...je ne voulais rien savoir. Comment est-ce possible ?
-Je me nourris de sang animal. Les animaux ne pensent pas, éluda-t-il. On peut voir qui est réellement la personne en face de nous rien qu'à travers son sang. Mais puisque tu te nourris d'humains, pour l'instant, je ne vois que leur vie. Bois, a-t-il ordonné en tendant son poignet contre ma bouche.
Je n'ai pas bougé, il m'a donc pris par la taille et a fait entrer son poignet dans ma bouche, me forçant à faire sortir mes crocs. Il s'est percé la peau lui-même. Et du moment où j'ai senti le liquide visqueux s'en était fini de mes protestations. Il a souri et m'a mordu au cou une nouvelle fois. Lorsque j'eu débarrassé de mon organisme le sang humain, et qu'il a pu apercevoir quelques-uns de mes souvenirs, il s'est retiré.
-Eh bien, Harry, a-t-il dit, je pense qu'on va bien s'entendre, toi et moi.
A partir de ce moment-là j'ai compris que Louis ne pouvait que m'aider. J'ai fait ce qu'il m'a conseillé, j'ai quitté ma famille pour ne pas leur faire de mal. Et aujourd'hui, vingt-cinq ans après leur mort, je veux aller sur leur tombe pour me recueillir. Parce que malgré ma fuite, je ne les oubli pas.
Louis a imité un hibou. J'ai relevé la tête dans un coup brusque. C'était le signal comme quoi il avait repéré une proie. J'ai regardé la direction du doigt qu'il pointait. Au loin un loup buvait dans une flaque. Des loups dans la région ? En plus de se nourrir, on allait empêcher à la ville d'être menacée, n'est-ce pas merveilleux ? Un loup ne se déplace jamais seul, du moins c'est rare, et savoir qu'on allait pouvoir se nourrir correctement tous les jours me réjouissait. Tel un prédateur je me suis glissé contre le tronc d'un arbre, inspectant les alentours. J'ai senti une douleur dans mon palais. Mes dents venaient de s'allonger et ma vue s'est troublée. Mes yeux avaient changé de couleur. Ils n'étaient plus verts émeraude lorsque je me nourrissais mais marrons. Ils soulignaient ma classe de vampire, c'est-à-dire vagabond. Avant ils étaient gris pour chasseur. Mais ce temps était résolu et savoir que je l'ai avaient marrons m'enchantait. J'étais fier de moi. Le bruit du loup qui boit m'a ramené sur Terre et en deux secondes je me retrouvais devant lui, il ne semblait pas m'avoir remarqué. J'étais prêt à en faire mon repas. A quelques centaines de mètres de nous un hurlement de loup s'est fait entendre. Celui devant moi a relevé son encolure fourrée. Son regard doré m'a statufié. Et à son tour il a poussé un gémissement, montant le museau vers la lune...la lune pleine.
-HARRY RECULE TOI ! a hurlé Louis.
Mon c½ur s'est emballé, et avant même d'avoir bougé les cils, le loup avait disparu. Louis a accouru vers moi, me tâtonnant le torse à la recherche de la moindre blessure. Je l'ai repoussé, agacé.
-Tout va bien Louis, il ne m'a pas touché, soufflais-je.
Il a caressé mon visage pour s'en assurer un peu plus, et sa caresse rêche sur ma peau a raisonné dans mes oreilles, tout comme les cris des humains. Louis s'est détaché de moi, figé. Il avait repris son air sérieux, sa froideur. Ses yeux n'étaient plus yeux mais bel et bien marrons foncés, comme les miens. Il avait senti l'odeur du sang autant que moi.
-Il faut que...je, commençais-je alors que mon corps avançait dans la direction du sang.
-Harry ! S'indigna Louis en plaçant un bras devant moi afin que je reste là où j'étais. Reprends-toi, ce n'est que du sang, tout va bien.
Je l'ai regardé. J'ai, difficilement, avalé. Puis après que mes crocs aient retrouvé leur taille normale, on s'est tous deux dirigés vers la route qui passait par la forêt, un peu plus loin de chez nous. Arrivé sur les lieux, nous fûmes surpris. Une voiture était retournée sur la route. Démolie.
La brume nous empêchait de voir correctement mais aucune odeur de loup ne planait dans l'air. Pour ce qui est de celle du sang, c'était autre chose. J'ai cessé de respirer préférant prendre sur moi que de me laisser aller à ma soif. Nous sommes entré dans le brouillard. Près de la voiture, un homme mort, déchiqueté. J'ai regardé Louis, qui survolait la scène d'un ½il triste. J'ai pris sa main. Un peu plus loin une femme, sûrement celle de l'homme, morte aussi. Ses jambes étaient en pièces. Certains de ses os, à côté d'elle. Du sang s'émanait de sa tête intacte. Les loups ne touchaient jamais aux cerveaux. Ces gens venaient d'être dévorés vifs. Les pleurs d'un enfant ont brisé la tranquillité qui voltigeait au-dessus de cette scène morbide. Louis a brusquement levé la tête, les yeux grands ouverts. Sa lèvre a tremblé de choc. Il m'a regardé, me serrant plus fortement la main. Nous nous sommes donc approché de la voiture retournée et brisée. A côté d'une des portes, un enfant âgé d'environ un an était au sol, remuant dans tous les sens. C'était certainement dû aux effets de la douleur causée par la morsure qu'arborait son cou. J'ai serré le gilet de Louis, de peur de craquer. Il a compris et m'a fait signe de m'arrêter pendant qu'il se baissait au niveau de l'enfant.
-Fais attention, dis-je en tendant un bras nerveux vers lui.
Il m'a gentiment regardé, puis, il a penché la tête de l'enfant pour inspecter son cou.
-Ce sont les loups ? Demandais-je de but en blanc.
-Oui, Harry...ce sont les loups.
-Qu'est-ce qu'on peut faire ? Questionnais-je paniqué. On ne va pas le laisser là souffrir, c'est un bébé, et...et s'ils revenaient pour le dévorer ? On ne peut pas l'emmener !
-Pourquoi ça ?
-Imagine que...que je ne me contrôle pas ! Tu y as pensé ?
-Harry, Harry, dit-il en prenant mes poignets dans ses mains. Tout va bien, j'ai confiance en toi.
Il semblait réfléchir et il a, à nouveau, regardé la blessure, se mordant la lèvre inférieure. Il était pris dans un dilemme intérieur.
-Louis? Demandais-je inquiet, en me penchant vers lui.
Il leva la main, signe que je devais me taire. Puis après quelques secondes de silence il dit :
-Harry, est-ce que tu penses que si je le mords le venin arrêtera le processus ?
J'ai froncé les sourcils. Sa phrase m'intriguait. Je savais que dans certain cas le venin de vampire guérissait mais sachant qu'il avait été mordu par des loups garou...est-ce que ça fonctionnerait ?
-Je ne sais pas, dis-je honnêtement.
Il regarda l'enfant. Ce bébé avait les yeux marrons noisette. Il avait environ un an et son body blanc contrastait avec le rouge sang qui s'écoulait de son cou. Il souffrait énormément et ses pleurs, gesticulations ne s'étaient pas arrêtés une seule seconde. J'ai frissonné. Les souvenirs de ma transformation remontaient tel un bateau qui avait sombré dans un océan. En pleine nuit, dans un coin sombre, près d'un pub...je rentrais chez moi à ce moment-là. J'avais été mordu dans une petite ruelle, la souffrance avait duré toute la nuit. Je délirais, je devenais cinglé, mes hurlements de folie ne pouvaient s'arrêter. J'avais mal. Sans que je ne puisse m'en empêcher une phrase passa la barrière de mes lèvres. Oui, parce que ce soir-là, j'aurais tout fait pour qu'on arrête la douleur.
-Louis! Mords-le, maintenant !
Les crocs de Louis sortirent un millième de seconde après ça, plongeant dans son cou, priant pour que les effets de la morsure s'arrêtent grâce au venin de vampire. Nous venions d'utiliser notre venin pour contrer une malédiction. Ce bébé n'avait qu' un an. Il ne nous restait plus qu'à attendre. Soit il vivrait, soit il mourrait. Un simple moment de doute durant notre éternité.
jane-seth, Posté le lundi 19 août 2013 15:47
re ! comme promis je viens jeter un coup d'½il sur cette fic alors je dois dire que c'es un vrai prologue certaine personnes pensent qu'un prologue doit être court et décisif tranchant en réalité dans le monde de l'édition de roman il doit faire la taille d'un chapitre! donc bon point pour toi^^
par contre c'es vrai que tu en dis trop il a pas mal d'info ça rend le tout maladroit mais comme tu as l'air d'être perfectionniste donc avec une bonne réécriture ça devrait aller
l'univers alternatif que tu as choisi est chouette avec les vampires même si tu as ajouté ta touche perso avec les souvenirs par le sang les catégories de vamp' les couleurs d'½il je reste septique et j'attend de voir si tu vas intégrer d'autres nouveautés à l'intrigue et découvrir dans quel époque louis et harry évoluent
la découverte de ce bébé est intéressante car il rajoute un personnage à l'histoire c'est enrichissant
je n'arrive pas à déterminer si harry et louis sont en début de relation amoureuse ou si louis et seulement protecteur et "maternel " envers lui... encore une énigme ^^
enfin merci pour cette lecture je poursuis!